N’a-t-on pas toujours parlé de production durable, une production qui minimise l’utilisation des ressources de l’environnement comme l’eau, le bois et l’énergie, et qui évite leur gaspillage ?
Dans le cadre de deux de ses axes prioritaires « Production Durable » et «Cohésion Sociale», L’ASBL Alliances pour des Communautés Durables au Burundi (ACDB) est en train de mettre en place des champs modèles du point de vue intensification de l’Agriculture, mais aussi du point de vue de la préservation des ressources de l’environnement. Le premier champ modèle étant juste à coté d’un site pour déplacés de 1993, il devient ainsi un champ communautaire ou les personnes déplacés et ceux appartenant à leur communauté hôte se retrouvent pour apprendre les nouvelles méthodes agricoles, brisent ainsi les barrieres à la communication entre eux et voient de leurs propres yeux les expériences qui réussissent.
- Ruissellement Zéro
Ceci est l’objectif ultime pour les deux champs exploités avec encadrement de notre association, et pour les 50 champs modèles que l’ASBL ACDB va bientôt créer dans les trois provinces d’intervention à savoir Ngozi, Kayanza et Kirundo.
Il y a deux ans, quand nous disions aux agriculteurs des environs que toute l’eau de ruissellement qui rentre dans notre champ doit y rester, et qu’il n’y aura pas d’eau venant de notre champ qui va endommager les champs qui sont en aval, tout le monde était dubitatif. Notre rêve est devenu une réalité.
Nous sommes parvenus à faire en sorte que toute l’eau de ruissellement venant en amont de notre champ soit capturée et séquestrée dans le champ pour recharger la nappe phr éatique grâce à une infiltration lente.
Pour ce faire, nous utilisons des fossés antiérosifs avec chaise de l’agronome qui capturent à la fois l’eau de ruissellement et l’eau issue de la pluie qui tombe sur le champ. En plus, nous établissons des rigoles de communication entre bananiers telles que quand un bananier reçoit beaucoup d’eau, le trop plein va directement sur le bananier suivant et ainsi de suite.
Si cette préoccupation est matérialisée dans tous les champs de la région et du pays, fini l’eau de ruissellement, fini le ravinement des sols, fini l’érosion.
2. Minimisation de l’utilisation du bois comme tuteurs dans des plantations de haricots volubiles
D’habitude, les producteurs sont dépendants des tuteurs en bois qui ont l’inconvénient de couter cher et de constituer une grande pression anthropique sur les surfaces boisées.
C’est connu que l’alternative à l’utilisation du bois est d’utiliser des cordes suspendues sur lesquels le haricot va monter. Suite à une conversation avec les riverains qui avaient peur que les cordes ne risquent d’être volées, notre ASBL est en train d’expérimenter l’utilisation des feuilles fanées de bananiers dits ibihunda en Kirundi.
Nous avons malheureusement eu un semis tardif dû à des circonstances indépendantes de notre volonté, ce qui fait que l’expérience ne produit pas encore un résultat concluant. Cependant, d’après les commentaires des passants, cette expérience donne déjà des idées aux producteurs environnants. Pour la saison suivante, nous comptons semer à temps et utiliser des cordes tissées dans les écorces de bananier dits ibihubahuba.
Conclusion
Notre champ est encore expérimental et nous voudrions le faire évoluer vers le concept champ école paysan. En plus d’avoir l’ambition de contribuer à maitriser le ruissellement tout en minimisant l’utilisation du bois comme tuteur des haricots volubiles, seule la fumure organique est utilisée. Qui sait ? Notre pays a les opportunités de devenir un havre de l’agriculture biologique protectrice de la nappe phréatique, ce qui serait déjà un label écologique pour les produits agricoles made in Burundi.